Pr Pascal Rousset – Lyon – Président de la SIFEM

Pouvez-vous nous raconter comment votre chemin vous a conduit vers l’imagerie de la femme et de vous investir dans la SIFEM, et plus récemment de prendre la présidence de la société ?
Lors du choix de l’internat, j’étais indécis mais très rapidement intéressé par le diagnostic, je me suis finalement orienté en radiologie. Je me suis ensuite spécialisé en imagerie dite « viscérale », à la fois digestive et gynécologique, ayant par ailleurs conservé une activité en imagerie mammaire jusqu’à la fin de mon clinicat.Le Pr Jean-Noël Buy, qui exerçait à l’Hôtel-Dieu de Paris a été déterminant dans mon choix. Il m’a éveillé et formé à l’importance de l’anatomie, de l’anatomopathologie notamment sur les données macroscopiques appliquées à l’imagerie, ainsi qu’à l’exigence d’un diagnostic précis et détaillé, en particulier lorsqu’une prise en charge chirurgicale est envisagée. L’imagerie gynécologique constitue d’ailleurs un modèle en la matière.
Le dynamisme de la SIFEM dès sa création, dans la continuité de la SOFMIS et de la SIGU, a été d’emblée très attractif. Au fil des mandats, j’ai d’abord été membre actif, puis secrétaire général adjoint, puis vice-président, et je suis actuellement président.
Selon vous, quelle est la mission essentielle de la SIFEM aujourd’hui ?
Sa mission essentielle est de rassembler les radiologues intéressés en l’imagerie de la femme, quel que soit leur niveau et de les accompagner dans leur évolution afin de promouvoir et améliorer la santé des femmes.
Pour mener cette mission, je suis très heureux de pouvoir compter sur notre bureau, et notamment notre secrétaire générale, le Dr Michèle Monroc-Morval, ainsi que sur l’ensemble de notre conseil d’administration composé de référents qui représentent au mieux toutes les générations et tous les modes d’exercice.
Quels sont les grands axes que vous souhaitez impulser durant votre mandat à la tête de la société ?
Le premier axe consiste à conserver et à consolider ceux qui ont déjà été menés avec succès par les différents mandats, avec aujourd’hui une SIFEM très structurée et une SIFEM junior particulièrement dynamique, qui prépare notre avenir !
Les axes plus précis qui me tiennent à cœur concernent les relations radiologue-patiente, la promotion du rôle essentiel des manipulateurs MERs, ainsi que le développement d’une action transversale et pluridisciplinaire, intégrant toutes les étapes : de la prévention et du dépistage, au diagnostic, au bilan pré-thérapeutique et thérapeutique avec la radiologie interventionnelle, puis au suivi.
Dernier point, l’imagerie mammaire et gynécologique étant multimodale, et il sera important de continuer à réfléchir à la place et à la pertinence de chaque modalité. La SIFEM devra ainsi s’invertir davantage dans les recommandations nationales et internationales, notamment en les initiant !

L’imagerie de la femme évolue rapidement. Quelles sont, selon vous, les tendances majeures ou innovations qui vont transformer ce domaine dans les prochaines années ?
Il y aura bien sûr des évolutions techniques, comme toujours en imagerie, ainsi que l’enjeu de l’intelligence artificielle : sa maîtrise, son positionnement dans le parcours des patientes, et l’évaluation du degré d’aide réellement apportée au radiologue. S’ajoute également la nécessité de reconnaître la juste place du radiologue dans les différents parcours de soins et dans le maillage territorial des professionnels de santé, avec pour objectif constant d’améliorer à la fois le soin de proximité et le soin de recours.
Avec le bureau et le conseil d’administration de la SIFEM nous allons œuvrer à pour accompagner aussi bien les jeunes radiologues que les plus expérimentés pour avancer avec ces évolutions, notamment grâce aux actions de FMC : webinaires, formations de type DPC, et notre congrès annuel, toujours très mobilisateur. Notre site Internet met à disposition de tous ses membres de nombreux documents de référence.
Il est tout aussi essentiel d’être acteurs de ces innovations et des évolutions de pratiques. Nous devons donc initier des projets de recherche, ce qui fait pleinement partie des missions de la SIFEM. Un groupe de travail dédié Recherche permet ainsi de coordonner des études multicentriques et propose des bourses pour soutenir des travaux plus fondamentaux.
La collaboration est un axe que vous mettez souvent en avant. Comment la SIFEM travaille-t-elle avec les autres sociétés savantes, en France et à l’international ?
Il est en effet essentiel de ne pas travailler en silo et de pouvoir se développer de façon transversale, afin de faire rayonner notre savoir-faire et notre savoir-être, et de nous consolider et nous enrichir les uns des autres.
La SIFEM est à la fois un relais et un collaborateur de la SFR, ainsi qu’un partenaire des autres sociétés de surspécialité : la SIAD pour les pathologies pelviennes digestives, la SFIPP pour la période charnière de l’adolescence, la SFICV et la FRI pour tout ce qui relève de la radiologie interventionnelle qui occupe d’ailleurs une place importante en imagerie de la femme ! et bien sûr toutes les autres surspécialités.
En ce début de mandat, nous avons déjà pu renforcer nos liens avec le CNGOF, notamment à l’occasion de l’actualisation, sous l’égide de la HAS, de la place des différents examens d’imagerie dans le diagnostic de l’endométriose ; avec la SCGP, autour d’un domaine biliaire commun ; mais également avec la SFSPM, dont la présidente, Marie-Pierre Chauvet, ainsi que le past-président Luc Ceugnart, membre éminent de la SIFEM, contribuent activement à ces échanges.
L’ouverture et la collaboration sont également internationales, avec l’EUSOBI et l’ESUR, dont le prochain symposium Européen se tiendra à Paris en septembre ! Nous avons la chance, depuis le début de ce mandat, de bénéficier de l’aide de notre secrétaire coordinatrice Ingrid Laisné, qui contribue à nous fédérer, en plus de toutes ses missions.
Pour conclure, si vous deviez résumer votre vision de la SIFEM en une seule phrase, laquelle serait-elle ?
Je vois la SIFEM comme un acteur essentiel de la santé des femmes en France, actuel et à venir, œuvrant pour un soin radiologique personnalisé et innovant à chaque étape de la vie.
